Quand j’ai décidé il y a quelques mois d’arrêter d’écrire pour les tiroirs, il a bien fallu se rendre à l’évidence : écrire pour les disques durs ou, pire, les enveloppes, demande beaucoup beaucoup plus d’organisation, de connaissances linguistiques, de techniques en tout genre.
Les tiroirs sont caractérisés par une empathie totale avec l’auteur qui les remplit. Ils comprennent tout à demi-mot, tiers de mot, quart de mot,... limite s’ils ne trouvent pas absolument géniale une simple feuille blanche.
Les disques durs, c’est une autre histoire. Outre qu’il va falloir désormais s’exprimer en un français compréhensible et une syntaxe html, pdf ou doc irréprochable, il faut acquérir les possibilités et capacités matérielles, techniques et communicationnelles inhérentes à l’accès et l’utilisation du Net. Heureusement, je fais partie des 15% d’humains disposant d’électricité, d’un ordinateur, d’une connexion internet, du bon âge et de la bonne culture pour apprendre à forumer, bloguer, siter.
C’est ainsi qu’un beau jour, j’ai réussi à publier un texte accessible à des disques durs. Les a-t-il atteints ? A première vue, oui, oui et oui : les retours sont admirateurs, chaleureux, enthousiastes, émus, dithyrambiques, élogieux, laudatifs, transportés, emballés (c’est pesé), enflammés et j’en passe [source : dico des synonymes]. Et voilà, je l’avais parié, j’avais raison : il n’y a pas que les tiroirs qui m’aiaiaiment !
Sauf que, la première euphorie passée, je me suis rendue compte que TOUS les textes de tous les auteurs avaient des retours extasiés, y compris les mauvais, les bancals, les bourrés de fautes, les sans queue ni tête, les incompréhensibles, les indéchiffrables, les illisibles [même source vocarbulesque mais le dico TLF est pas mal non plus]. Autre problème de taille - c’est le cas de le dire : il y avait moins de disques durs à m’adorer que de tiroirs dans mes placards ! Et quand je dis « disques durs », je devrais plutôt parler d’ « écrans » parce que j'ai un gros doute sur le fait qu'un texte arrive effectivement à passer derrière ceux-ci.
Vu sous cet angle, plus de quoi s’étonner que les quelques soumissions à des enveloppes n’aient pas eu le succès escompté.
Mais je n’ai pas désespéré (première qualité d'un apprenti : la ténacité). D’abord, il y a quand même quelques internautes qui ne sont pas que gentils, polis ou intéressés (salut mes fans !). Ensuite, il y a eu deux petites enveloppes qui ne se sont pas déversées dans la poubelle.
Alors, j’ai fouillé, fouillé, fouillé le web et ses recoins et j’ai trouvé des forums où un auteur a une chance d’obtenir un avis réaliste de ses textes.
J’ai d’abord découvert le forum A vos plumes et ses jeux d’écriture : on travaille un exercice, les textes sont anonymés puis chacun dit quels sont ceux qu’il préfère... sans considération d’amitié, d’amour-propre, d’ascenseurs à renvoyer ou autre. Plein de choses à tirer de tout ça...
Pour des critiques plus constructives, on peut en obtenir sur Tir Na N’og et Compagnie mais les congratulations y sont aussi de mise, car beaucoup d’auteurs ne visent pas (vraiment) les enveloppes. Surtout il y a La Mare aux Nénuphars : dissection assurée dans la joie (humph !) et dans la bonne humeur (là, c'est vrai), et comme le principe est de faire aux autres ce que vous voulez qu’on vous fasse, ça double les progrès. Eh oui, en apprenant à voir ce qui cloche dans le texte des autres, à me demander si une expression, un mot, une conjugaison, une virgule, un retour à la ligne sont corrects, si une information est utile, inutile, insuffisante, énervante, bien placée, ma propre écriture a fait un bond prodigieux (à mon échelle, s’entend). Petit bémol, les grenouilles ne travaillent qu’en Science-Fiction-Fantasy-Fantastique et moi je n’écris que la moitié du temps dans ce genre.
Qu’à cela ne tienne, pour la littérature blanche - comme on dit en SFFF - mes promenades sur le net m’ont aussi rapporté des copains et certains d’entre eux sont des correcteurs qui, y’a pas à dire, savent manier le fouet !
Avec tout ça, les enveloppes, je sais de mieux en mieux ce qu’elles aiment. Reste plus qu’à ajuster mes tirs...
Annexe : petite synthèse non exhaustive de mes fréquentations webiennes en tant qu’apprentie écrivain
Outils linguistiques :
Dictionnaire courant : le Trésor de la Langue Française (Université de Nancy, CNRS )
Dictionnaire des synonymes (Université de Caen)
Manuel de conjugaison
Résumé sur la ponctuation et sa typographie
(auxquels s’ajoute le « Grévisse » pour le « Bon Usage » de la langue dont je n’ai pas trouvé l’équivalent sur le Net)
Lectures critiques :
Forum La Mare aux Nénuphars (administré par Cocyclics)
Forum Tir Na N’og et Compagnie (TNN)
Appels à Texte (les fameuses enveloppes)
L’Antisèche des auteurs et illustrateurs
Bonnes nouvelles